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Présentation du groupe :

"Ubiquity Is the Answer" (UIA), est un projet de Experimental Death Metal/Metalcore pour faire court. Mais ça ne s'arrête pas à ça, on peut y ajouter des touches de Prog et de Groove Metal distillées dans toutes les pistes. J'ai dû creuser un peu pour trouver le contact de Steve, tête pensante du groupe, ainsi je tiens à remercier un des membres de Beyond the Pain pour l'aide.
J'ai trouvé UIA sur Metal Archives au cours de mes longues pérégrinations sur le site. Je sentais qu'il fallait creuser le sujet, exhumer le groupe. Voici donc les réponses de Steve Cheney au sujet de son ancien projet.

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Sommaire :

Question n°1 : Présentations

Question n°2 : Que signifie "Ubiquity Is the Answer"?

Question n°3 : La fin du projet?

Question n°4 : Comment décrirais-tu ta musique?

Question n°5 : La réalisation de l'album

Question n°6 : Seven Dwarves Studio?

Question n°7 : Maquettes supplémentaires

Question n°8 : Le parcours musical de Steve

Question n°9 : Les visuels

Question n°10 : As-tu fait ou voulu faire de la scène avec UIA?

Question n°11 : Ta piste préférée du projet?

Question n°12 : La présence en ligne du projet




L'Interview :


Question n°1 : Salut Steve, merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à cette interview au sujet de l’un de tes anciens groupes, j’ai nommé “Ubiquity Is the Answer “. Peux-tu commencer par te présenter?

Steve : Avant tout je tiens à vous remercier de m’accueillir et de contribuer à préserver le patrimoine du metal hexagonal. Je suis musicien amateur, autodidacte sur la plupart des instruments que je joue, passionné de musique extrême, même si au fond, j’ai commencé avec une formation plutôt classique au piano.
Très tôt, j’ai côtoyé de nombreux musiciens issus de la scène metal, et cet univers m’a rapidement fasciné par son mélange de brutalité, de virtuosité et de thèmes parfois sombres qui résonnent particulièrement en étant jeune, mais qui m’accompagnent encore aujourd’hui.

J’ai eu la chance de côtoyer d’autres passionnés dans mon parcours, issus de formations pro ou semi pro avec des groupes comme Innerchaos, Conscience, Proton Burst, Void Thru Materialism, Beyond The Pain, Korum, Malemort, Dead Bones Bunny, Deasil, et j’en passe…
J’ai toujours pris une part active à la composition dans les groupes que j’ai intégré, mais cela ne me permettait pas de toujours pouvoir donner vie à mes idées les plus expérimentales. Pour cela, j’ai créé ce projet : Ubiquity Is the Answer, un laboratoire où la créativité pourrait ne pas avoir de limites.



Question n°2 : La première chose qui m’a interpellé quand je suis tombé sur ton projet au cours de mes incessantes recherches c’est le nom. Que signifie “Ubiquity Is the Answer”, pourquoi avoir choisi ce dernier et quels étaient les thèmes du groupe?

Steve : Ce projet a démarré comme un projet solo. Le nom vient littéralement des problématiques qu'ont rencontré tous les “bedroom producers” de l’époque : comment créer un groupe lorsque l’on veut tout créer du sol au plafond et que l’on est seul? L’ubiquité est la clé, Ubiquity Is the Answer.
Côté thèmes, on aborde pas mal de sujets autour de l'accélération de la connaissance scientifique humaine, en appuyant sur la frontière de plus en plus fine entre les sciences dures comme les mathématiques, physiques, chimie avec la philosophie et la métaphysique, faisant converger science et religion. Lorsque Manuel, bassiste de Void Thru Materialism est venu me rejoindre après le 1er album, nous avons plutôt abordé des thèmes sociétaux plus proches de notre quotidien (l’indifférence sociale, l'absence d’équité, l’aberration de certains choix de vie) et qui nous tenaient à coeur.



Question n°3 : Je parle du projet au passé, lancé en janvier 2006, il semblerait que ce dernier ait pris fin. Si c’est le cas en quelle année as-tu cessé de travailler dessus et pourquoi?

Steve : En tant que musicien amateur, et encore plus dans le milieu Metal en France, il assez difficile de pouvoir se consacrer à temps plein sur une longue période sur une musique qui est encore très niche. Manuel et moi avions des obligations professionnelles assez prenantes, et malheureusement pas compatibles avec le niveau d’investissement qui aurait été nécessaire pour développer ce projet plus loin. De fait, ce projet n’est plus actif depuis fin 2007. Ceci dit, tous les contributeurs de ce projet sont restés en excellent termes, avec les moyens actuels de collaboration à distance, nous ne sommes pas à l’abri d’un revival, pratiquement 20 ans après.



Question n°4 : La musique d’Ubiquity Is the Answer est calculée, sèche et précise et surtout difficile à classer. On est sur une base Death/Groove Metal progressif avec de grosses influences -core. Comment décrirais-tu ta musique et quelles-ont été tes influences pour les compositions de ce projet?

Steve : Je la qualifierai certainement d 'expérimentale, puisqu’il s’agit plutôt d’un laboratoire personnel au début. La musique d’Ubiquity is the Answer est assez influencée par le Metal progressif extrême et expérimental, et évidemment beaucoup d’inspirations proviennent de groupes comme Meshuggah, Ion Dissonance, Proton Burst, The Dilinger Escape Plan…. mais également beaucoup d’échange avec d’autres projets solos europééns et américains à cette époque. Les réseaux sociaux n’étaient pas présents, et la communauté des “bedroom producers” échangaient énormément sur les forums de discussions dédiés à la musique et la production musicale (sevenstring, le forum de line6, audiofanzine, etc…). A l’époque, on pouvait écrire directement à Misha, sur ses compos issus de son projet solo “Bulb”, avant qu’il ne crée Periphery, ou à Acle sur son projet solo devenu aujourd’hui un groupe, Tesseract. Sur le plan français, des échanges aussi avec Frank, qui produisait Hacride, avant de basculer dans un autre genre en crééant Carpenter Brut. J’ai encore pas mal de maquettes de ces projets solos et il est assez inspirant de voir comment certains projets ont évolué.
Dans le cas d’Ubiquity le fil rouge a toujours été de créer une ambiance construite sur des rythmes non-naturels, avec une utilisation régulière de polymétries et de polyrythmie, mais également sur l’exploitation de la dissonance.



Question n°5 : Parlons de l’unique album : “Infinite Number of Elements” sorti en 2007. Raconte-nous l’histoire de cet album, comment-est-il venu à être créé et comment a-t-il été distribué?

Steve : Cet album est réellement le projet solo qui a matérialisé le projet. Comme dit plus haut, je voyais celui-ci comme une porte de sortie créative pour mes idées qui ne trouvaient pas leur place chez Innerchaos ou Void Thru Materialism. Chaque titre était une expérience, que je partageais sur les forums musicaux et les plateformes de l’époque. L'accueil était contre toute attente plutot chaleureux (j’imagine qu’il y avait pas mal d’amateurs de musique extrême dans les followers du projet), si bien que j’ai décidé de continuer à publier régulièrement des titres.
Arrivé à 10 titres, je me suis dit que je pouvais repackager le tout sous la forme d’un album : Infinite Number Of Elements était né. Ici, j’ai réalisé l’ensemble de l’album, de la composition à l'interprétation, jusqu'à la production - ce qui explique d’ailleurs sa qualité discutable - et sa distribution. Je n’avais pas forcément de logique d’album, mais plutôt une logique de sortie régulière de singles, sur les plateformes digitales et les forums musicaux de l’époque, et dans un planning restreint (tous les singles sont sortis en l’espace de trois mois). Celui-ci est écoutable aujourd’hui dans son intégralité sur la chaine youtube du groupe.



Question n°6 : Seven Dwarves Studio est le studio dans lequel tu as enregistré l’album en 2006, je n’ai trouvé aucune information sur ce dernier, peux-tu nous en parler un peu plus?

Steve : Pour le coup, le Seven Dwarves Studio n’était qu’un petit espace dans mon domicile dans lequel mon laptop dédié à la musique résidait. On est typiquement dans une configuration de home studio d’entrée de gamme avec des moyens dérisoires, mais beaucoup de bonnes idées pour essayer de se démarquer. Ainsi pas mal de maquettes, voir d’albums sont passés par là (le dernier en date est le premier album de Dead Bones Bunny - What’s Up Rock? sur lequel j’ai composé l’intégralité des titres et en ait assuré la production et le mastering).



Question n°7 : Sur Myspace à l’époque de la sortie de l’album tu le considérais comme le premier d’UIA. Peut-être que je n’ai pas toutes les infos, mais il semblerait que tu n’aies rien sorti après. Comptais-tu explorer plus en profondeur le concept? Avais-tu des idées, et pourquoi ne pas avoir poursuivi?

Steve : Si INOE est le seul album référencé, l’histoire ne s’est pas arrêtée là. Manuel, à l’époque bassiste pour Void Thru Materialism, m’a rejoint sur le projet, et nous avions travaillé sur un certain nombre de maquettes, qui auraient pu étendre ce projet à une audience plus large, tout en conservant les fondamentaux musicaux de notre proposition. Le resultat est une playlist de titres malheureusement jamais rééllement publiés, même si la aussi, encore écoutables sur la chaine youtube du groupe. (Voir la section "Liens").



Question n°8 : Tu joues tous les instruments sur cet album, peux-tu nous parler un peu de ton parcours musical?

Steve : J’ai un parcours assez classique de musicien autodidacte après une formation initiale au piano, j’ai adopté la guitare comme mon instrument de prédilection assez tôt, et ai pu donner mes premiers concerts dans un registre Metal avec Eternal Scream en 1995. La chance que j’ai eu est que j’ai appris mon instrument sur le tas, en même temps que les membres de mon groupe et que mes amis. Assez naturellement, j’ai pu essayer d’autres instruments, comme la basse et la batterie. L’envie de composer mes morceaux avec une vision holistique m’a ensuite naturellement amené à me former sur ceux-ci. A l’époque, on trouvait déjà pas mal de ressources pour les autodidactes. Fan absolu de Loudblast, Meshuggah (et de la production de leurs albums), je me suis passionné pour la composition et la production musicale. L’élément déclencheur est aussi la rencontre de Rom, aujourd’hui guitariste du groupe Londonien Subset, mais à l’époque multi instrumentiste pour le projet metal Able To Shine. Rom et moi nous envoyons nos maquettes musicales régulièrement et nous avons toujours pu compter l’un sur l’autre pour apporter une critique bienveillante et s’encourager à se tirer vers le haut, et enrichir notre musique. Rom a clairement eu une influence énorme sur mon jeu actuel.



Question n°9 : J’aime bien parler un peu des visuels de manière générale, les tiens sont relativement sobres, quelles étaient les idées derrière la pochette et qui l’a faite?

Steve : Oui, les visuels sont relativement sobres, car je les avais également réalisés moi même, l’ubiquité étant la réponse :) . En termes d’idée pour Infinite Number Of Elements, la volonté était d’évoquer un univers déshumanisant, détaché de toute réalité organique, en référence aux sciences dures telles que les Mathématiques et la Physique. Ayant un peu touché aux outils de modélisation 3D, j’ai ici réalisé la pochette sur l’une des toutes premières versions de Blender, en modélisant cet océan de formes géométriques à perte de vue. Un choix de couleur assez restreint, rouge et noir, me permettant de faire ressortir le contraste dans ce paysage singulier avec un horizon séparant un ciel noir de cette infinité d’éléments si difficile à appréhender pour l’esprit humain.



Question n°10 : As-tu essayé de faire de la scène avec ce projet en t'entourant de musiciens, ou était-il destiné à rester un projet purement studio?

Steve : Ubiquity is the Answer n’a jamais été sur scène officiellement, même si plusieurs morceaux du projet ont été joués live, soit intégrés au set de Void Thru Materialism, soit dans le cadre de démos lors d'événements organisés par les constructeurs de matériel musical. Par exemple, j’ai pu jouer plusieurs titres d’Infinite Number Of Elements sur le stand official du constructeur montpelliérain Two Notes Audio Engineering, lors du MusikMesse à Francfort.

D’autres musiciens m’ont rejoint sur le projet. Romain Goulon (ex-batteur de Necrophagist) est venu performer sur un clip d’Ubiquity Is the Answer, Half Man. Amateur tout autant que moi de rythmes complexes et d’exigence d'exécution, le courant est évidemment passé de suite. Concernant cette collaboration, nous n’avons pas pu aller plus loin, mais Romain a pu porter Half Man et d’autres titres d’UIA en Live lors d’une démo live lors du Bag’Show 2012.

Manuel est évidemment un acteur important de la suite après Infinite Number Of Elements car il a composé l’ensemble des parties vocales du projet, qui était clairement l’élément que je ne pouvais pas assurer au niveau d’exigence que je me fixais. Son apport a clairement été le bienvenu, et nous avons travaillé ensemble sur une dizaine de titres supplémentaires après cela.

Enfin, Erwan, du Studio project S3lf, est venu lui aussi tourner le clip de Half Man, et également poser des voix sur un titre du groupe.



Question n°11 : Quelle est ta piste préférée et/ou celle que tu recommanderais à quelqu’un qui voudrait découvrir le projet aujourd’hui?

Steve : Sur Infinite Number Of Elements, Organic Texture est ma piste préférée. sur les maquettes les plus récentes, j’adore You Testify et Age Of Indifference Question n°11 : Tu as joué dans d’autres projets (qu’on aura sûrement l’occasion de couvrir dans des interviews dédiées). Je cite : Void Thru Materialism, Beyond the Pain, Inner Chaos et Korum. Y en a-t-il d’autres que j’ai oublié? Si j’en crois Metal Archives, ton dernier groupe actif serait Beyond the Pain. Peux-tu préciser tout ça, que fais-tu aujourd’hui? Steve : J’ai eu plusieurs vies musicales, c’est le moins que l’on puisse dire, j’ai joué dans Eternal Scream (Thrash Metal), Pretty Junkie (Punk), Innerchaos (Metal Progressif), Void Thru Materialism (Metal Progressif), Kandjar (Hardcore), Korum (Death Metal), Cléa (Pop), Beyond The Pain (Metal Progressif), Ackeron (Metal Progressif), Malemort (Rock/Metal), Oscar Versus Tango Nine (Metalcore), Dead Bones Bunny (Rockabilly Metal), Deasil (Rock).
Sans compter quelques activités de musicien de session ou de live pour Conscience (Metal Progressif), T.A.N.K (Metal Progressif), Asylum Pyre (Metal Symphonique), et quelques autres de la scène parisienne.



Question n°12 : J’ai pu retrouver ton ancien site, un SoundCloud sur lequel j’ai pu écouter l’album ainsi que ton Myspace en creusant un peu, le projet était-il présent sur d’autres plateformes?

Steve : Grâce (ou à cause) de ton interview, je me suis dit qu’il était temps de rendre un peu visible ce projet, même s’il n’est plus actif. J’ai donc remonté un site officiel, ainsi qu’une chaîne YouTube.
A l’époque le projet était surtout disponible sur les plateformes digitales, Myspace, SoundCloud, Bandcamp et quelques plateformes payantes…



Conclusion : Merci beaucoup Steve d’avoir pris le temps de nous éclairer sur Ubiquity is the Answer. Si tu as un message à faire passer, des recommandations ou quoi que ce soit, la conclusion est pour toi!

Steve : Merci à toi d’avoir ressorti Ubiquity Is the Answer de sa crypte numérique. C’est un projet que je trouve toujours profondément intéressant, pas seulement pour des raisons nostalgiques, mais parce qu’il capture très précisément une époque : 2006–2009, un moment où l’effervescence musicale était partout. On était entre Myspace, les forums, les CDR qui circulaient de main en main, et une génération entière de musiciens sortait des maquettes de dingue depuis leur chambre, en solo, avec des moyens dérisoires mais une ambition artistique énorme. Ubiquity s’inscrit exactement là-dedans : un laboratoire perso, bricolé dans un coin de salon, mais connecté à une galaxie de “bedroom producers” qui réinventaient les codes à coups de riffs bancals, de métriques tordues et de plugins craqués.

Ce qui est assez beau, c’est que tout ça n’a pas disparu, ça a juste muté. Aujourd’hui, il n’a jamais été aussi simple d’écrire, produire et sortir un album en solo ou à distance, de collaborer avec un batteur à l’autre bout de la planète, un chanteur qu’on n’a jamais rencontré IRL, et de rendre tout ça audible en quelques clics. Et j’adore ça. J’adore tomber sur un projet underground prometteur au détour d’un lien YouTube, d’un Bandcamp obscur ou d’un post paumé dans un forum, sentir cette même énergie brute que celle qui m’animait à l’époque d’Ubiquity. Si des gens découvrent Infinite Number of Elements ou les maquettes du projet aujourd’hui et y trouvent ne serait-ce qu’une idée, une texture ou une envie de pousser plus loin leurs propres compos, alors le projet continue de vivre – et pour moi, c’est tout ce qui compte.




Discographie :

Infinite Number of Elements (Album, 2007)




Informations diverses :

Activité : 2006 - 2007 (Split-up)

Pays : France (Paris, Île-de-France)

Genre : Progressive Death/Groove Metal/Metalcore

Label : Auto-produit






Logos :


logo 1

Logo "UIA".

logo 1

Logo utilisé sur l'album "INOE".






Liens :

Site officiel (2025)
Site officiel (@ archive.org)
Myspace (@ archive.org)
SoundCloud
YouTube (Titres jamais réellement publiés)
Playlist YouTube (Titres jamais réellement publiés)




Interview réalisée entre le 29 Novembre et le 8 Décembre 2025. Publiée le ??/??/????